Le Lin

L’une de ces variétés est caractérisée par une tige longue (80 à 120 cm), peu ramifiée et des graines petites : c’est le lin textile. L’autre a des tiges plus courtes (50 à 70cm) et des graines plus ou moins grosses : c’est le lin oléagineux. Un élément essentiel du lin est d’avoir les fibres dans sa tige. Une fibre végétale est une expansion cellulaire morte qui est principalement composée de cellulose, d’hémicelluloses, de lignines et de pectines. Elle est soit isolée, soit regroupée avec d’autres en un faisceau.
Le lin se caractérise par une grande résistance du fait de longues fibres, par un pouvoir d’absorption de l’humidité, par une perméabilité à la vapeur d’eau. Il retient en plus la chaleur : il fait frais l’été et chaud l’hiver dans les pièces d’une maison.
La culture du lin fixe le CO2 dans la terre grâce à ses racines et se présente comme un véritable puits à carbone. Il requiert peu d'eau et d'apports phytosanitaires, ce qui en fait une culture durable.
Les étapes de la culture du lin à l’étape préindustrielle
La culture :
Le lin est semé au printemps et met 100 jours à lever pour atteindre jusqu’à 1,20 m de hauteur. Il est sensible aux conditions du climat et de sol. Un climat doux et humide est idéal. Plus il grandit, plus il est sensible. Il peut être craint le phénomène de « verse » par temps d’orage. A l’origine de cette situation sont l’excès d’eau, ou d’alimentation azotée.
Le lin peut avoir des racines pouvant aller jusqu’à 1,5 mètre de profondeur. L’optimum pour un rendement potentiel est un sol avec un limon profond et fertile avec un PH légèrement acide. Ses besoins sont majoritairement fournis par le sol. Et c’est une des plantes qui nécessitent le moins de produits phytosanitaire. Afin d’éviter tout risque d’épuisement des sols et de prolifération de maladies, le lin textile est implanté tous les 6 à 7 ans.
La floraison se fait en juin. La fleur ne vit que quelques heures. Comme toutes ses fleurs n’éclosent pas en même temps, les champs se parent d’une couleur bleue durant environ une semaine. Les fibres ont alors atteint leur longueur maximale. Les capsules contenant les graines vont se former au cours des 15 jours suivant la floraison
La récolte :
En juillet, soit environ 5 semaines après la floraison, la tige devient jaune, des feuilles commencent à tomber, et certaines capsules brunissent. La plante est alors arrachée. Puis les tiges sont entassées et placées en andain avec une épaisseur la plus faible et la plus régulière possible. Il s’agit de favoriser un rouissage homogène entre juillet et septembre.
A l’air libre, avec les variations climatiques et l’action des micro-organismes et des bactéries, le rouissage élimine la soudure existante entre la fibre et la l’écorce de la tige. L’objectif d’une telle démarche est de faciliter l’extraction de la fibre dans un process industriel. Ce temps peut fortement varier selon les conditions climatiques. La difficulté est de déterminer la fin du rouissage tout en ayant gardé les qualités de la tige. Trop roui, il sera brûlé. Et pas assez roui, le teillage ne pourra se faire.
Durant cette étape de rouissage, les tiges au sol seront retournées pour un résultat final homogène.
Une fois les pailles ramassées, elles seront enroulées puis stockées à l’abri. Une fois le taux d’humidité est inférieur à 15%, la paille de lin peut être conditionnées en balle.
Le teillage :
Par le teillage, le processus industriel de transformation de la tige de lin commence. Et toutes les parties récupérées seront exploitables.
Les fibres de lin sont contenues dans l’enveloppe externe (paille) de la tige. Pour les extraire, il faut les séparer du bois au centre la tige. Puis après des opérations mécaniques d’égrenage, étirage, broyage et battage, nous obtenons 2 catégories de fibres :
Les morceaux de bois récupérés sont appelés les « anas »
La plupart des teilleurs procèdent ensuite au peignage. Ainsi la fibre est parallélisée, calibrée et étirée pour en faire des rubans doux et lustrés. Il s’agit de sa présentation avant le passage en filature.
Ce ruban régularisée et étiré devient mèche puis est filé en appliquant une torsion. En fonction du résultat final de fil, il est utilisé différentes techniques de filatures : la filature au « mouillée » par une immersion dans une eau chauffée à 60° pour réaliser des fils fins et la filature au « sec » pour des fils plus rustiques et plus épais.
Marché du lin

La Chine est un maillon essentiel de la filière lin. Elle est le principal importateur de fibre de lin, le principal producteur et exportateur de fils et de tissus à travers le monde. La demande mondiale en fibre de lin est durablement dynamique. Les vêtements en lin sont à la mode tant dans les pays occidentaux (UE, États-Unis), qu’en Asie (Japon, Inde, Chine). Les consommateurs sont en attente de produits naturels porteurs de sens. Les atouts du lin : fibre végétale naturelle, faible consommation d’intrants, production renouvelable, etc.
En parallèle, la demande est aussi plus forte pour les applications industrielles. Pour satisfaire cette demande, les surfaces de lin françaises ont fortement augmenté entre les récoltes 2015 et 2020. En France, la dynamique des surfaces s’explique par une très bonne rentabilité de la culture du lin depuis près de 10 ans.
Malgré les aléas subis ces dernières années, force est de constater la très bonne résilience des performances économiques du lin.
En moyenne (variable selon les années), le rendement de fibres longues est de 1,2/1,3 tonne par hectare. Depuis le COVID, leurs prix ne cessent de monter pour atteindre en 2022, 4,5 € le kg. Pour les agricultures, ce sont des revenus supérieurs à ceux générés par la paille ou le colza.